Les CLA (Contrats locaux d’accompagnement) qui seront mis en place à la rentrée 2021, lient des écoles, des établissements avec le Rectorat par un contrat. Inutile d’être grand clerc pour comprendre que ce contrat comportera des clauses de résultats.
Cette politique éducative, liée aux résultats, loin d’être novatrice, est en place dans les pays Anglo-saxons depuis des décennies. Le Café pédagogique a interrogé un universitaire québécois qui a analysé 20 ans de « GAR » Gestion par les résultats. Éloquent…

• Un plus grand contrôle des enseignants
« Si on observe un écart de résultat en français dans un niveau on va chercher d’où vient le problème et réunir les enseignants pour leur signaler qu’on est en dessous de la moyenne et qu’il faut faire mieux. Cette responsabilisation collective peut devenir individuelle. Car les directions ont accès aux données de chaque élève et de chaque classe et comparent. Les enseignants perçus comme source de problèmes récurrents peuvent être convoqués ou suivis par un conseiller pédagogique ».
L’analyse des écarts des notes des élèves entre l’évaluation aux examens ministériels et celles internes à l’école renseignent sur les pratiques d’évaluation des enseignants, parfois jugées trop sévères ou trop laxistes. En cas de problèmes récurrents, des directions peuvent demander à des conseillers pédagogiques d’assister à un cours d’un enseignant.
• L’émergence d’un nouveau pouvoir « plus proche » des enseignants (qui devrait alerter les partisans d’un directeur supérieur hiérarchique…)
« La GAR change la répartition des pouvoirs entre les échelons du système éducatif. On a accordé une plus grande autonomie aux écoles mais en échange d’une reddition de comptes »
• Un enseignement exclusivement axé sur la réussite aux évaluations nationales
« Une enseignante de français nous explique qu’elle ne voit plus la poésie car elle n’est pas évaluée dans l’examen ministériel. Un enseignant d’histoire utilisait des visites d’institutions pour l’enseignement de la citoyenneté. Il ne peut plus le faire. »
« Il y a aussi ce sentiment de pression et de surveillance qui pèse sur eux qui les amène à développer des stratégies pour y échapper, par exemple en manipulant les notes. »
• Des résultats au mieux stagnants
Le ministère[québécois] se targue d’une amélioration des taux de diplomation et de qualification des élèves avant 20 ans et on voit effectivement une hausse. Mais c’est lié au fait que le ministère a créé de nouvelles qualifications. (…). Par contre, quand on regarde les résultats aux examens ministériels on voit des oscillations mais globalement une stabilité. Et comme en plus il y a ces phénomènes (…) de bachotage, l’efficacité de la GAR est, au mieux, discutable.
• Qu’en pensent les enseignants québécois ?
Les directions sont souvent certaines d’avoir avec les indicateurs enfin une vision objective de la réalité du système. Mais les enseignants sont très critiques sur cette quantification. Ils disent que les données ne prennent pas en compte la réalité des cohortes d’élèves et que finalement elles n’aident pas à faire face à la réalité concrète de la classe et à faire réussir "leurs élèves".

De la science-fiction ? Malheureusement, non… Il est probable que la lettre de mission des IEN comporte déjà des objectifs chiffrés. Certains d’entre eux organisent déjà des rencontres avec chaque école de leur circonscription pour leur signifier le décalage de leurs résultats aux évaluations nationales…
Il sera impossible de résister individuellement à cette révolution en marche, les râleurs seront bannis. Seul un collectif fort pourra sauver une politique éducative centrée sur nos élèves. Syndiquez-vous !

L’école du XXIème siècle ? Science-fiction ?!

L’école du XXIème siècle ? Science-fiction ?!